dimanche 28 septembre 2014

Eternity Express - Jean-Michel TRUONG

Titre: Eternity Espress
Auteur: Jean-Michel Truong
Édition: Albin Michel
Date de parution: 2003
Nombre de pages: 248
Genre: Thriller / Dystopie
Décor: Chine (futuriste)
Lu en: mars 2014

8/10

Quatrième de couverture: Dans un futur proche. Toujours plus assoiffés de nouvelles technologies, les investisseurs mondiaux n’ont pu anticiper le sinistre krach boursier qui vient de mener l’Occident aux portes du chaos. Aujourd’hui incapable d’entretenir cette génération de baby-boomers devenus pauvres et vieillissants, l’Union est contrainte de voter la fameuse « loi de délocalisation du troisième âge ». L’idée est simple : un TGV rempli de retraités qui, via l’Europe centrale puis la Sibérie, file jusqu’en Chine, direction Clifford Estates, luxueux ensemble d’habitations et lieu rêvé pour finir ses jours. Mais cette première expédition ne tarde pas à dévoiler son lot de surprises et de personnages troubles, à l’image de Jonathan, ancien médecin détenteur d’un secret aussi puissant qu’une bombe…

«Toutes les vies sont loin d’être égales, comme pourrait te l’apprendre le plus pouilleux des bergers du Sahel, qui sait bien, lui, quand vient la sécheresse, quelles bêtes préserver et lesquelles sacrifier. La vie d’un étalon vaut plus que celle d’un hongre, celle d’un entrepreneur plus que celle d’un ouvrier, et celle d’un futur producteur davantage que celle d’un retraité. Les seconds ne survivent que grâce à la fécondité, à la créativité et à la productivité des premiers. Cette évidence ne t’échappe que parce que, en ces temps prospères, nous n’avons pas à choisir de manière explicite entre les uns et les autres. C’est ainsi pourtant : Il faut que certains meurent pour que le plus grand nombre vive.»

Mon avis: Entre science-fiction et vision pessimiste d’un futur qui pourrait bien arriver plus tôt qu’on ne le pense, Eternity Express met en lumière des problèmes bien complexes, avec en son centre, celui de la population vieillissante et des crises économiques qui vont avec. Bien qu’à l’heure actuelle, ce problème est encore loin d’atteindre l’envergure décrite dans le livre, il ne manque pas de devenir chaque jour toujours plus alarmant.

La trame de base du roman est assez facile à saisir, dans un futur proche, le nombre de personnes âgées est devenu tel que les gouvernements de l’Union ont fini par signer une « loi de délocalisation du troisième âge ». Des retraités font donc leurs valises et s’entassent dans des TGV luxueux pour un aller simple vers la Chine, où ils pourront encore profiter de nombreuses années de tout ce que Clifford Estates, un « village » construit pour eux, a à leurs offrir, allant des somptueuses villas avec piscine, jusqu’aux toutes nouvelles médecines de pointe, qui sans aucun doute leur accordera encore quelques belles années.

Mais l’histoire elle-même est beaucoup plus complexe. Au vieillissement de la population s’ajoute de nombreux problèmes économiques et diverses sombres réalités. De nombreuses questions sont abordées comme l’euthanasie, l’acharnement thérapeutique, la prolongation de l’espérance de vie, l’impossibilité pour les retraités de mourir où ils sont nés, fautes de moyens, l’impuissance des familles devant voir leurs aînés s’expatrier pour le bien de l’économie interne et même la question de la délocalisation, que ce soit en parlant de l’expatriation des personnes âgées ou même de la construction des « villages troisième âge » en Chine, où les prix défient toute concurrence… Certaines de ces questions se posent déjà, les autres se poseront-elles bientôt ? Lors de leur trajet en train, nous découvrons d’autres noirs secrets, bien occultés par les gouvernements.

Avec tous ces problèmes, toutes ces horreurs, le lecteur est forcé de remettre en cause le monde dans lequel il vit. De nombreux parallèles avec des réalités qui dérangeaient autrefois mais ne dérangent plus aujourd’hui sont faits par les personnages principaux, Jonathan, médecin de l’Union au passé trouble et son ami Xuan, grand homme d’affaire chinois au passé encore plus douteux. Des liens très intéressants sont faits avec le passé, notamment avec la déportation de tous ces braves petits vieux à l’autre bout du monde, qui a pour eux un air de deuxième guerre mondiale ! Bien sûr, pas pour les mêmes raisons, ils s’en vont, eux, pour un lieu de rêve où écouler leurs vieux jours, mais ils se sentent tout de même trahis, arrachés à leur patrie, mis injustement sur le carreau après de longues années de travail acharnés.

Tous ces liens et discussions nous laissent entrevoir une seule chose : tout ce qui arrive pourrait très bien nous arriver et la fiction pourrait aisément laisser place à la réalité. L’économie, le monde, la vie, tout ne tient qu’à quelques fils, tirés par les plus riches, par des grands chefs comme Xuan.

Un monde futuriste et sombre, peut-être pas si loin du nôtre... 
 
 
 

2 commentaires:

  1. Honte sur moi: il est sur ma pile à lire depuis (trop) longtemps...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah, c'est dommage, parce qu'il est très sympa et très vite lu.

      Supprimer