Auteur : Mathias Énard
Édition : Actes Sud, collection Babel.
Date de parution : 2010
Nombre de pages : 176
Genre : Historique
Décor : Constantinople (Turquie)
Lu en : Février 2016
Quatrième de couverture : En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu’il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l’édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l’invitation du sultan Bajazet qui lui propose — après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci — de concevoir un pont sur la Corne d’Or ?
Ainsi commence ce roman, tout en frôlements historiques, qui s’empare d’un fait exact pour déployer les mystères de ce voyage.
Troublant comme la rencontre de l’homme de la Renaissance avec les beautés du monde ottoman, précis et ciselé comme une pièce d’orfèvrerie, ce portrait de l’artiste au travail est aussi une fascinante réflexion sur l’acte de créer et sur le symbole d’un geste inachevé vers l’autre rive de la civilisation.
Car à travers la chronique de ces quelques semaines oubliées de l’Histoire, Mathias Énard esquisse une géographie politique dont les hésitations sont toujours aussi sensibles cinq siècles plus tard.
« Tu penses désirer ma beauté, la douceur de ma peau, l'éclat de mon sourire, la finesse de mes lèvres, mais en réalité, ce que tu souhaites sans le savoir, c'est la disparition de tes peurs, la guérison, l'union, le retour, l'oubli. Cette puissance en toi te dévore dans la solitude.
Alors tu souffres, perdu dans un crépuscule infini, un pied dans le jour, l'autre dans la nuit. »
Mon avis : Cela fait déjà quelques jours que j'ai terminé ma lecture de Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, reçu en swap de la part de L'erreur sociale. Merci encore pour cette magnifique découverte, ton avis m'avais déjà beaucoup plu et depuis, j'ai souvent pensé à ce livre, que je ne parvenais pas à trouver.
Il m'a fallu quelques jours aussi pour tenter d'organiser mes pensées. Je crois que je n'arriverai jamais trouver les bons mots pour exprimer au monde ce que j'ai ressenti en lisant ce livre.
Si la quatrième de couverture ne vous attire pas, cela ne veut en rien dire que la lecture vous déplaira, parce qu'il faut être honnête, elle n'est en rien représentative de l'histoire, et encore moins de la fabuleuse plume de l'auteur. Elle plante tout au plus la trame de fond dans laquelle va se dérouler l'histoire, mais ce n'est de loin pas le centre du livre.
Je ne pensais pas être aussi profondément touchée par les mots de l'auteur qui sonnent toujours exceptionnellement juste. La lecture est fluide, mais pour autant, les yeux ne courent pas sur les pages, ils glissent paisiblement au rythme si beau et doux des mots. Le rythme est vraiment d'une intensité envoûtante et les mots résonnent au plus profond de notre être. En bref, une plume absolument exquise et aucun mot superflu.
En ce qui concerne l'histoire en elle-même, elle est nettement plus alléchante et intense que ce que nous laisse entrevoir la quatrième de couverture. J'ai été conquise du début à la fin. Ce livre est un véritable hymne à la beauté.
J'espère que la citation que je vous ai mise ci-dessus saura vous convaincre. (Ce fut mon cas, j'ai lu les deux premières pages, qui se terminent justement sur cette citation et en quelques instants, le monde réel n'existait plus, le temps non plus, il n'y avait plus que cette plume délicieuse et moi.)
Encore un gros succès. Il m'a laissé indifférent !
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