Auteur : Loana Hoarau
Édition : Éditions ELP
Date de parution : 2015
Nombre de pages : 210
Genre : Horreur psychologique
Décor : France
Lu en : Septembre 2017
Quatrième de couverture : Foin d’envolées théoriques. C’est bien plutôt dans son action fulgurante – par la pratique, si on ose dire – que le pédophile est étudié dans ce roman. C’est d’ailleurs fait avec une mæstria hautement perturbante. Notre sociopathe profond se déploie pour nous, sans malices ni artifices. On domine et comprend intimement le lot gesticulant de ses petites maniaqueries proprettes. On domine et comprend intimement sa sourde misanthropie. On domine et comprend intimement son adultophobie implacable. On comprend, on finit presque par partager sa frustration insondable et sa colère cuisante, pourtours inévitables de son programme radicalement négateur, amoral et nihiliste. C’est une des vertus de la fiction que de pouvoir entériner le monde des monstres.
L’amour suave et délétère de cette narco-crapule semi-psychotique de Buczko pour les petites filles nous est instillé, drogue d’entre les drogues, presque avec du sublime dans la voix. La destruction de la victime prend place en nous lumineusement, en rythme, par petits bonds nerveux.
Le propos de cet ouvrage n’est absolument pas moraliste. Sa cruauté est absolue, hautement dérangeante, répugnante, révoltante, comme gratuite. Et pourtant (car il y aura un et pourtant...) notre pédo-toxico se retrouve avec une terrible clef anglaise jetée par le sort, dans le moteur bourdonnant de sa mécanique criminelle tellement rodée.
C’est une jeune femme qui écrit. Loana Hoarau en est à son deuxième roman. Tributaire des mêmes hantises que le premier, celui-ci est beaucoup plus assumé, plus solide, plus achevé. Un scotome s’imprime. Une œuvre s’annonce.
Mon avis : La quatrième de couverture nous met déjà sur la voie : dans ce livre, nous allons arpenter les méandres sinueux du cerveau d’un pédophile, marcher sur ses pas, devenir lui… Un roman qui s’annonce donc différent, qui sort des sentiers battus, et j’aime ça !
Dès les premières pages, on se rend compte que ce livre est dérangeant et glauque. Le lecteur se retrouve dans la tête d’un pédophile, un monstre qui pourtant va expliquer avec beaucoup d’humanité ce qu’il ressent. C’est vraiment, mais alors vraiment dérangeant. Pourtant, si on lit au-delà des lignes, on comprend parfaitement qu’il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour la pédophilie, non, c’est bien plus tortueux et travaillé que cela.
L’auteure nous met en garde : « âmes sensibles s’abstenir ». C’est parfaitement justifié, mais je n’avais pas vraiment saisi la vraie raison qui se cachait derrière cet avertissement. En effet, beaucoup de personnes classent ce roman comme un roman d’horreur. Je m’attendais à affronter des descriptions horribles, des scènes insoutenables de viol, de sang, de violence. En réalité, les mots sont choisis avec soin, les scènes ne sont pas si crues que cela, au contraire, je les trouve assez « passe-partout ». Loana Hoarau a réussi à transmettre l’horreur d’une façon différente : par les pensées gênantes et horrifiques de Buczko. Au final, elle ne nous impose pas d’images horribles, non, c’est le lecteur qui se charge de se les imaginer dans sa tête, et ça, c’est vraiment fort, parce que je peux vous dire que j’ai créé des scènes bien plus horrible que ce qu’elle a écrit.
Bien sûr, les âmes qui sont sensibles à ce genre de sujets malsains devraient éviter la lecture de ce livre, mais sinon, sachez que c’est vous qui vous imaginerez l’horreur des scènes et non l’auteure qui vous les imposera, de ce côté-là, elle a vraiment bien joué son jeu et manié sa plume ! En parlant de sa plume d’ailleurs, je peux vous dire que régulièrement, elle emploie des mots forts, vulgaires, mais qui s’intègrent parfaitement à la manière de parler et de penser du personnage.
J’ai aimé me retrouver dans la tête de cet horrible pédophile. Je ne voulais pas le comprendre, non, juste voir ce que c’est. Après tout, ça reste de la fiction. Et d’ailleurs, quand je vois des gens cracher sur l’auteure en lui collant toutes sortes d’étiquettes, je ne dirais qu’une chose : elle ne fait pas l’apologie de la pédophilie, au contraire, si on réfléchit bien, elle présente une certaine réalité qui dérange, que trop de gens occultent. Elle a juste présenté la chose de manière coup de poing, et autant dire qu’elle a parfaitement réussi dans son entreprise.
En bref : un roman dérangeant, glauque, malsain, mais obsédant, qu’on ne peut lâcher. Écrit finalement de façon assez neutre, c’est le lecteur qui se représentera seul toute l’horreur de la situation. Troublant et passionnant à la fois.
Les scènes ne sont pas horrifiques, mais le sujet l’est fortement, à ne pas mettre entre toutes les mains
Effectivement, ça n'a pas l'air d'être une lecture facile... Brrrr
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