jeudi 23 juin 2016

La Cantatrice chauve - Eugène IONESCO

Titre : La Cantatrice chauve
Auteur : Eugène Ionesco
Édition : Folio Théâtre
Date de parution : 1950
Nombre de pages : 152
Genre : Théâtre
Décor : Angleterre
Lu en : Juin 2016

8/10

Quatrième de couverture : Qu'importe que la cantatrice soit chauve puisqu'elle n'existe pas ! Dans cette petite "anti-pièce", première œuvre dramatique de Ionesco, il n'est fait référence que deux fois à la cantatrice chauve, personnage dont on ne sait rien et qui n'apparaît jamais. Il s'agit bien là d'un Nouveau Théâtre, celui qui donne naissance à des pièces sans héros, sans sacro-sainte division en actes, sans action, sans intrigue, avec en guise de dénouement la quasi-répétition du début, et dont les traditionnelles retrouvailles sont remplacées par une parodie de reconnaissance d'une invraisemblance ahurissante. Les personnages, tout droit sortis d'un manuel de langue, ne s'expriment que par clichés, disent une chose pour aussitôt affirmer son contraire, trouvent une jubilation idiote à employer proverbes et maximes tout en les pervertissant sans même s'en apercevoir... Cependant, très vite, le langage s'"autonomise", se libère de toute contrainte, et l'on assiste avec plaisir au divorce du sens et du verbe. Il en résulte un petit chef-d'oeuvre comique, traité sur l'absurde, variation sur la bêtise et paradoxalement éloge du pouvoir du langage.

Mon avis : La Cantatrice chauve, un titre qu'on avait à peine effleuré en étudiant le théâtre de l'absurde et que je m'étais dit qu'il fallait que je lise un jour. Ce n'est qu'il y a peu de temps que j'ai découvert que l'auteur s'était largement inspiré des leçons d'anglais distribuées par Assimil'. Personnellement, j'utilise (ou ai utilisé) la méthode Assimil' pour apprendre ou renforcer certaines langues et c'est vrai que quand on y réfléchit, certaines phrases sont d'une absurdité affolante. Mais, en tant que novice dans telle ou telle langue, on n'y prête pas forcément attention et on ferme les yeux sur les multiples répétitions inutiles tant nous sommes heureux de comprendre quelques lignes.

Mais comment peut-on écrire une pièce là-dessus ? On pourrait croire que le résultat sera dénué de sens et pas drôle pour un sou. Ce n'est absolument pas le cas ! J'ai vraiment ri par moments, surtout quand j'ai parfois repéré le même genre de phrases débiles que j'avais vues et revues dans mes méthodes.

Les personnages sont tellement lisses qu'ils deviennent juste tordants. Le passage sur Bobby Watson m'a grandement rappelé la scène de « Pierre à l'âge de Pierre » des Robins des bois dans Rrrrrh !. Mais l'original est largement au-dessus de la « copie » si je puis dire et j'étais pliée en lisant cette scène.

« M. SMITH : De quel Bobby Watson parles-tu ?
Mme SMITH : De Bobby Watson, le fils du vieux Bobby Watson, l'autre oncle de Bobby Watson, le mort.
M. SMITH : Non, ce n'est pas celui-là, c'est un autre. C'est Bobby Watson, le fils de la vieille Bobby Watson la tante de Bobby Watson, le mort. »


Ce n'est qu'un extrait, mais j'ai vraiment beaucoup ri. Je me rends compte que c'est un type d'absurde qui tient la route, puisque voulant parodier une méthode d'apprentissage de langues qui utilise ces mêmes codes. Et quand on connaît, ce n'est que plus drôle.

La fin avec le pompier m'a un peu moins plu, mais j'ai malgré tout ri par moments. Mon édition présentait plusieurs fins possibles, notamment celle prévue de base par l'auteur, mais pas faisable selon les moyens à disposition et une fin plus simple qu'il a choisie et écrite également. Je ne sais pas si toutes les éditions les présentent, mais je trouve ça très intéressant, surtout quand on a les explications du pourquoi et du comment.

Une petite lecture très rafraîchissante et vraiment très très drôle. Je recommande vivement. En plus, je trouve que la pièce a une très bonne longueur, moins, ce serait ridicule et plus, ce serait vite lassant. Bon point.

Très drôle, j'ai beaucoup aimé ! Je conseille.

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