Auteur : Pierre Thiry
Édition : Books on Demand.
Date de parution : 2012
Nombre de pages : 310
Genre : Littérature
Décor : France
Lu en : Juillet 2014
Quatrième de couverture : Ce récit évoque quelques impressions sur des personnages réels : Gustave Flaubert, Giovanni Bottesini, Rouen, le pont Gustave-Flaubert... Un grand écrivain, un compositeur de musique oublié, une ville normande, un pont levant peuvent-ils s'emmêler dans la même intrigue ? Giovanni Bottesini (1821 — 1889) et Gustave Flaubert (1821 — 1880) se sont-ils rencontrés ? Ce "roman", très imaginaire, où il est question : d'un vélo volé, d'un opéra disparu, du détective privé Jules Kostelos, d'une bibliothécaire portant le nom de Salammbô, du chat noir Charles Hockolmess et d'un rassemblement de vieux gréements à Rouen en 2017, apportera-t-il une réponse ?
Mon avis : Le mystère du Pont Gustave-Flaubert est aussi difficile à classer dans un genre qu’à résumer. Pierre Thiry aime jouer avec son lecteur et l’amener à se questionner sur de nombreux passages du livre. L’histoire est divisée en plusieurs mondes, qui s’entremêlent les uns avec les autres grâce à certains personnages ou éléments servant de passerelles entre eux. Cette manière d’écrire crée une ambiance polyphonique surprenante et très intrigante. Seule une petite partie du livre se passe dans le présent : on y rencontre Jules Kostelos chargé d’enquêter sur la disparition d’un vélo. Ce qui est à mon sens vraiment exceptionnel, c’est que de cette simple petite intrigue, l’auteur a su créer un univers incroyable, complet et cousu un peu à la manière d'un patchwork : de nombreuses pièces, par endroit très fortement liées entre elles, par endroit à peine juxtaposées à d'autres, qui viennent finalement former un tout très coloré.
On apprend très vite que le personnage principal est passionné par Gustave Flaubert et, tout au long du livre, de très nombreuses citations de ses œuvres principales sont intégrées à la plume de Pierre Thiry. Petit à petit, les personnages de fiction et les personnages réels viennent s’entremêler. Parfois, on ne sait plus où sont les limites entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas ; l’auteur joue vraiment avec son lecteur, allant jusqu’à réécrire le passé et écrire le futur. Malgré tout, il y a un fond de vérité, que l’on peut retrouver grâce à certaines citations. De mémoire, c’est la première fois que je découvre un tel alliage et j’avoue que j’ai tout bonnement adoré me plonger dans cet univers incroyable.
Malheureusement, parfois, j’ai aussi été complètement dépassée par certains passages contenant un trop grand nombre de citations et quelques liens difficiles à établir. Mais, en avançant dans la lecture, on se rend vite compte que cette interrogation est voulue. Il m’a fallu un petit moment pour m’en rendre compte, mais en tombant sur la description d’un bâtiment construit en 2017, notamment, j’ai compris qu’en plus du mélange fiction-réalité, le temps venait lui aussi jouer un rôle et ajouter de la fiction à la fiction.
Comme j’essaie de l’expliquer, au-delà des mots et de l’histoire, il y a une volonté de créer une ambiance surprenante. Je pense par contre qu’un lecteur qui n’a jamais lu aucune œuvre de Flaubert (ou du moins qui ne connaît presque rien de ses œuvres) risque d’avoir de la peine à entrer dans cet univers. Je ne dis pas par là qu’il faut avoir lu sa biographie et tous ses ouvrages, mais connaître quelques informations et personnages-clés est, je pense, assez important pour ne pas rester en marge de ce monde.
En ce qui concerne les personnages, là aussi, différents niveaux se marient. Les descriptions de Salammbô, amie de Jules Kostenlos, sont absolument magnifiques, car elles mêlent habilement les dires du narrateur aux citations de Flaubert sur « sa » Salammbô. Les points communs entre les deux personnages sont troublants, obsédants, et j’ai été complètement subjuguée par les passages où la belle Salammbô apparaît. Elle n’est pas la seule à posséder ce statut de « double-fiction », qui est vraiment surprenant. Face à cela, nous avons d’autres personnages dont le statut « réel » glisse vers la fiction tandis que d’autres jouissent du statut inverse. Les possibilités sont infinies et le résultat est vraiment étonnant !
Comme je le disais, certains personnages ont une fonction de « passerelle » entre les différents mondes ; Salammbô en est un exemple. Cette façon de « faire le lien » n’est vraiment pas commune, mais je tiens à tirer mon chapeau à l’auteur, qui a redoublé d’habileté pour nous offrir une large palette de « personnages passerelles ». Du Pont Gustave-Flaubert lui-même, témoin du passage des ans, aux souvenir de Kostenlos, qui nous rattachent au moment présent, tout en passant par les rêves de son chat, Charles Hockolmes, tout est là pour proposer une multitude de points de vue passionnants au lecteur.
Pour résumer, je dirais que Le Mystère du Pont Gustave offre un univers très surprenant qui mérite d’être découvert. Bien que la plume de Pierre Thiry soit agréable à lire et que j’aie énormément apprécié certaines répétitions de phrases, venant faire écho à certains passages en y ajoutant une petite touche d’humour, la profusion de citations et références peut rendre la lecture moins aisée à ceux qui ne savent rien de Gustave Flaubert et de ses œuvres. Néanmoins, je le conseille à tous ceux qui en connaissent quelques éléments de base (ou plus, bien sûr), ainsi qu’à ceux qui souhaitent découvrir un genre qui est bien loin d’être traditionnel et commun.
Je tiens à remercier Pierre Thiry de m’avoir fait parvenir son livre et de ce fait, de m’avoir fait découvrir cet univers incroyable, original, personnel et puissant. Un grand merci également pour la dédicace, que j’ai beaucoup appréciée. Au plaisir de me plonger, probablement tout prochainement, dans cette atmosphère pour en apprendre plus sur le charismatique Charles Hockolmes et son chapeau melon...
Lecture pour : des lecteurs curieux qui ne sont pas déstabilisés par une lecture très originale.
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